A trois stations de bus de la Mairie de Montreuil , dans la zone des anciens murs à pêches, vit une famille rom de Roumanie sur un terrain prêté par la mairie il y a quatre ans et demi. Les conditions d’habitat sont plus que précaires : baraques en matériaux de récupération , un point d’eau, un sanitaire creusé au fond du terrain, pas de chauffage autre que des poëles fabriqués dans des bidons .
Le campement est constitué de quelques baraques où vivent Maria, ses cinq fils et deux filles , leurs enfants soit trente-cinq personnes sur trois générations . Certains enfants vont à l’école, d’autres pas, certains parlent bien le français, d’autres pas, les hommes pour la plupart cherchent ou attendent du travail, les femmes s’occupent du reste et mendient.
« Que veux-tu qu’on fasse en Roumanie , en travaillant normalement on gagne 200€ par mois, impossible de faire vivre une famille avec çà. Alors on essaye de vivre ici »
Alex , le troisième fils, après avoir fréquenté plusieurs campements ou squats en Seine St- Denis, a finalement trouvé ce terrain à Montreuil en 2008 , l’a sommairement aménagé avant de faire venir Maria , sa mère , et, au fur et à mesure de ses possibilités, le reste de la famille.
C’est dans ce campement, à l’initiative de deux artistes suisses-allemands Mathias Jud et Christopher Wachter en lien avec l’ association Ecodrom que « L’Hôtel Gelem » s’est ouvert au printemps 2012. Une sorte de maison d’hôte où l’on peut passer une nuit ou deux. Alex et Rada sa femme s’en occupent. Depuis l’inauguration, une trentaine de personnes sont passées comme en atteste le livre d’or, un petit carnet vert à spirale.
Cette initiative vient d’être labellisé par le Conseil de l’Europe fin 2012 comme « projet artistique innovateur transmettant des messages forts liés aux valeurs et priorités du Conseil. »
J’ai eu connaissance de l’ Hôtel Gelem , terme romani signifiant je suis passé, par un article de presse. Ayant travaillé sur la littérature rom , sujet peu connu et passionnant, et sachant que la bibliothèque de Montreuil réfléchissait à un mois consacré aux cultures tsiganes , j’ai proposé le projet d’une exposition de dessins réalisés lors d’une résidence de quelques jours à L’Hôtel Gelem . Nous avons passé six jours au sein de ce campement.
Cendrine Bonami-Redler a fait les dessins , Maïssoun Zeineddine les enregistrements sonores et j’ai écris les cartels.
Hantise
C’est encore toi
Avec tes lois
Et la poussière
D’une barrière
La nuit voyage
Me glissant un message
C’est encore toi
Qui guette la proie
Ton visage flotte
Sur ce message qui sanglote
Ma solitude
Perd sa voix rude
Et je me dirige
Vêtue de vertige
Tout près de toi
Tout près de toi
Mais la peur
De la peur
De tes yeux
Douloureux
M’empoigne
Et m’éloigne
Je ne dis rien
De ce qui déteint
Dans mon caractère
Qui m’exaspère
Je ne dis rien
Mais je peins
Ton amitié
Ton humanité
Sur la réalité
De sa fragilité
C’est encore toi
Toujours toi
Je te donne mon fluide
Mais ce fluide
N’a pas de raison
Sans compréhension
Pourtant le sable
Le bois d’érable
Ont dans l’histoire le lien
D’un même soleil ancien
Sandra Jayat in Lunes Nomades Seghers 1963
Public : Tout public
Création 2012
Distribution
Cendrine Bonami-Redler : dessins
Maïssoun Zeineddine : enregistrements sonores
Xavier Marchand : cartels
Expositions « De baraque en baraque » du 4 mars au 6 avril 2013 à la bibliothèque Robert Desnos / Montreuil