Les Histoires d’Edgar

La communauté noire aux Etats-Unis, les violences raciales, les liens familiaux tendus, les relations inter-générationnelles tumultueuses, le basket et le blues sont autant de thèmes qui sous-tendent l’œuvre de John Edgar Wideman.

Considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands écrivains contemporains des Etats Unis, son écriture romanesque, d’une réelle originalité, intègre des références à Faulkner, T.S. Eliot ou Joyce, aussi bien que des apports du rap, du gospel ou des comptines de son enfance passée dans le ghetto noir de Pittsburgh. Sa langue possède un rythme syncopé qui bouscule le lecteur, ou l’auditeur, et le plonge dans une manière de tourbillon, charriant à profusion images lyriques et expressions argotiques.

Les livres de Wideman entrelacent l’Histoire afro-américaine avec son expérience personnelle. Ses récits ont une authenticité évidente puisqu’il reprend, retravaille, interroge sans cesse les souvenirs liés à des relations familiales complexes et à la réalité brutale des quartiers déshérités (son frère puis son fils ont été condamnés à perpétuité pour meurtre, tandis que lui-même a pu, grâce au basket, intégrer l’université et devenir professeur de littérature).

L’adaptation théâtrale, la première en France, s’appuie sur les extraits de deux romans ; elle tend à faire découvrir cette littérature engagée et à entendre cette langue singulière qui va du parler des ghettos à celle du Bateau Ivre.
Extrait

Mais le style à Willy, son largonji, l’anglais de la reine devrais-je dire, était mortel, surtout sous la plume à çui-là, le marabout du bagout le cygne insigne de l’Avon bretonne la voix chbebuche et la coqueluche scratcheur mixeur roi des rappeurs aux technics la réplique Angliche fortiche et point godiche cool – cool comme un prestidigitateur de réfrigérateur le grand aboyeur Monsieur le Crieur y a pas meilleur est pas ailleurs n’ayons pas peur il hip-hope il doo-wope c’est l’antilope de la syncope il me tient je lui tiens la barbichette si je flanque une tapette sa bobinette chiera ding dingue dong sonnez les mutines au premier coup de gong c’est le coma de morphine magouilleur enquiquineur et guérisseur raton-rappeur tripatouilleur de disques prend tous les risques jamais de ratage dans le piratage le grand ménage ça déménage MC du cut de l’uppercut et de la sous-cut il gabote ergote pelote tripote ôte ta culotte cocotte mais ç’te crapule ridicule annule sans scrupules toute capsule pour dudule Poil-de-chameau je te fais la peau Peau-de-chien donnera plus rien ni à son père ni à sa mère ni à la tienne Etienne pour les sept nains ils repasseront demain même pour Bambi c’est peau de zébi et vous tintin mes petits Indiens en file indienne, encerclés comme chariots bâchés sur les hauts plateaux de Laramie, pendant que sous la lune les Peaux-Rouges tournoient autour de vous, hurlant à la mort, plus vite, plus vite, plus vite, tigres qui vous barattent en beurre de cacao mes Bamboulas, mes petits Sambos perdus.


John Edgar Wideman

Public : Tout public

Création 2004

Distribution

Mise en scène : Xavier Marchand

Scénographie : Alexandre Chinon/ Lumière : Sylvie Garot/ Son : Patrick Portella et José Avelmeïr/ Régie : Léandre Garcia Lamolla/ Assistante : Julie Maret

Avec : Marie-Sohna Condé, Julien Goualo, Emile Abossolo Mbo

Production

Création : Les Subsistances 2004/ Diffusion 2005 : L’Echangeur-Bagnolet, Les Bernardines-Marseille, Antoine Vitez- Aix,Théâtre d’Arles

Coproduction : Les Subsistances, King’s Fountain.

Dossier de production

Revue de presse